Lorsque l’on se rappelle que Georg Friedrich Haendel, Allemand de Saxe, était le compositeur officiel de la couronne anglaise, ou que Lully, archi-transalpin, était le compositeur officiel de Versailles, je constate que l’art, en soi, circule.
Que l’artiste est un nomade. Et que l’humanité est en déplacement. Que la parole de l’homme sédentaire, aujourd’hui, est, hélas, encore à l’opposé de la parole du nomade.
Que les frontières, si chèrement réclamées par certains de nos voisins européens, sont une vague illusion, et qu’accueillir quelques milliers d’exilés, non, ce n’est pas toute la misère du monde.
Mettre en scène un spectacle musical, ici un opéra baroque, en langue étrangère avec un casting international (les chanteurs et les musiciens de l’orchestre viennent de Suisse, Allemagne, Colombie, France, Russie…), c’est ré-affirmer l’idée cosmopolite. C’est relire Erasme. C’est l’ouverture.
Mon objectif premier avec Génération Baroque, en tant que metteur en scène, est l’émotionnel : faire rire, faire rêver, faire frémir. Je veux que les spectateurs, en sortant du spectacle, se sentent chamboulés, consolés, surpris, épanouis.
Ma méthode consiste – au-delà de proposer une lecture personelle et radicale de la pièce – à mettre en avant les talents des interprètes.
Avec Génération Baroque, les conditions sont réunies pour faire un travail de précision sur la clarté du geste théâtral. Le détail est en effet très important pour moi, donc j’aime superviser l’ensemble du processus de création. Le dialogue avec Martin Gester à la direction artistique et avec chacune des personnes impliquées dans la création du spectacle permet de créer une cohésion humaine (esprit de groupe, esprit technique) et artistique dans le projet, d’effacer les égos, et que le propos de l’oeuvre soit l’objectif commun.
Benjamin Prins, le 6 mai 2018